C’est que le bonheur est une affaire personnelle : il ne se délègue (on ne peut pas être heureux pour un autre), ni se force (on ne peut contraindre personne à être heureux), ni se décrète (on ne peut pas légiférer sur le bonheur afin que tous l’aient en partage). On peut bien, par compassion pour ceux qui souffrent, y renoncer, mais qui gagneront-ils ? Probablement rien.
Se porter au service de ceux qui souffrent ? Cela, si nous le faisons bien, soulagera leur douleur. Mais moins à cause de notre renoncement à être heureux que grâce à notre action. De sorte que, se portant au service de son prochain, le faire dans la joie agrandit la valeur du service ; ajoutant la joie à l’acte, on témoigne de ce que la joie vaut mieux que la tristesse. Il se pourrait même, dans certains cas, que le témoignage d’une joie possible vaille mieux que l’acte lui même.
Il faudrait que nous soyons heureux pour que les autres puissent mieux l’être. C’est que la joie n’est pas un sentiment égoïste, mais une puissance de vivre. Et inversement, la tristesse, une impuissance. Se porter au service d’autrui, c’est encore un exercice de joie, car l’amour libère.
Et inversement, se porter au service de soi même, en pratiquant la joie (y compris et surtout dans l’adversité) c’est rendre service à autrui, car la joie libère. Ce sont les gens tristes qui tyrannisent, car leur impuissance souffre de la joie de vivre d’autrui.
Seul l’amour sait être généreux.
Nicolas Go.
Philosophe."L’art de la joie”